LES FOUILLES DE SALONE 47 soit assez vite constituée, qui bientôt même eut ses martyrs. Les hagiographes citent le nom do l’évôque saint Yenance, qui devait être plus tard l’un des saints les plus vénérés de la Dalmatie; une inscription de Manastirine se rapporte peut-être à ce personnage, qui fut sans doute le véritable fondateur de l’Église de Salone, et qui périt, en 270, victime de la persécution. Son corps fut probablement enseveli dans le cimetière de la famille Ulpia, et sur sa tombe, selon le pieux usage des chrétiens, on bâtit une petite chapelle, une memoria, comme on disait alors, semblable aux édifices demi-circulaires élevés plus tard sur les sépultures d’autres confesseurs de la foi, et dont on voit les restes à l’est de la grande basilique. On s’étonnera peut-être de voir les chrétiens de Salone, en pleine période de persécution, exposer ainsi à tous les yeux, dans une nécropole à ciel ouvert, les tombeaux des fidèles et les monuments bâtis en l’honneur des martyrs. Il n’y a rien là pourtant qui nous doive surprendre. C’est un fait aujourd’hui démontré que dès les premiers temps de I’Eglise, les chrétiens ne cherchèrent point à dissimuler l’existence de leurs cimetières. Les catacombes romaines, quoiqu’il puisse sembler d’abord, n’avaient rien de mystérieux : leur emplacement était connu des autorités civiles; leur existence, en dehors des moments de crise, était protégée par la loi. On conçoit donc qu’en bien des endroits, partout où la nature du sol rendait difficile l’établissement de galeries souterraines, les fidèles n’aient eu nul scrupule et nulle crainte à ensevelir leurs morts, comme ils firent à Salone, dans les couches supérieures du terrain, à aménager ce que l’on appelait des areæ cimite-riales. A Rome même, au-dessus des catacombes de