LES FOUILLES DE DELPHES n’est guère moins remarquable, malgré d’incontestables inégalités : certains groupes de la Gigantomachie, Athéna luttant contre Encelade, Cybèle déchaînant sur les géants son attelage de lions, Héra se précipitant sur l’ennemi terrassé, ont une fougue, un mouvement dramatique et pittoresque, une intensité de vie et de réalisme qui forcent l’admiration ; et je ne sais rien de plus charmant déjà que ce morceau représentant trois déesses assises, d’une grâce si aimable et si naïve, et d’une facture si précise et si serrée. Ajoutez la polychromie, qui, sur le fond bleu, faisait ressortir en rouge ou en vert les costumes et les armes, les chars et les animaux : on ne saurait nier qu’il n’y ait là un ensemble de sculptures vraiment unique. A quelle école d’art appartiennent-elles? il n’est point aisé de le dire. La signature inscrite sur le bouclier de l’un des géants décèle un artiste d’origine argienne; par Ica procédés, la composition et les formes, la sculpture, comme l’architecture, porte la marquo de l’Ionie. Danj ce monument d’un caractère un peu ambigu, deux courants se confondent ; le sculpteur péloponnésien a fortement subi l’influence des enseignements et des traditions asiatiques, et il y a là un curieux exemple, qui n’est point unique, de cette sorte de « syncrétisme artistique », résultant « du commerce incessant des hommes, de la collaboration des artistes, de la communication réciproque des procédés, de l’échange constant des œuvres d’art1 ». En tout cas, le trésor de Cnide paraît avoir fait époque dans l’histoire de l’art grec, et Phidias lui-même ne semble point avoir dédaigné d’y chercher des inspirations pour la frise du Parthénon. 1. Homolte, Bull, de eorr. hell., 1896, p. 801-602.