LES FOUILLES DE DELPHES 147 sacrée. Sur presque toute sa longueur la vieille route sainte a gardé intact son dallage de calcaire ou de marbre, « et c’est un spectacle saisissant, unique dans les sanctuaires fouillés en Grèce, que ce pavé qui circule au milieu des monuments, et, du plus loin qu’on aperçoit les ruines, les unit et les distingue 1 ». Et sans doute on se tromperait gravement si l’on croyait marcher sur les dalles mêmes où passèrent Eschine, Démos-thène et Philippe ; le pavé actuel ne date guère que de l’époque des Antonins : mais le tracé de la route n’a point changé ; il est demeuré tel qu’il fut définitivement établi depuis le milieu environ du ve siècle, et antérieurement même pour certaines portions du parcours. Large de quatre mètres environ, et d’abord à peu près parallèle au mur méridional, brusquement, au carrefour des Trésors, la voie se redresse vers le nord-est pour gagner l’angle oriental du mur polygonal; puis, remontant au nord, elle enveloppe d’une nouvelle courbe le temple d’Apollon et sa terrasse pour aboutir enfin à l’escalier du théâtre et devant la façade occidentale du temple. « Elle se développe donc sur la pente de la montagne, depuis la porte du sanctuaire jusqu’à la façade postérieure du temple, à la façon d’un grand S renversé!. » Suivons maintenant, comme faisaient jadis les pieux visiteurs d’Apollon, cette maîtresse route du sanctuaire. Elle était, d’un bout à l’autre, bordée de pieuses offrandes, statues de marbre et de bronze dont on retrouve, encore en place, les piédestaux et les dédicaces, trésors où, comme à Olympie, les villes les plus 1. Homolle, Topographie de Delphes, p. 266. 2. Ibid., p. 264.