LE PALAIS DE DIOCLÉTIEN A SPALATO 10 Une vieille légende, que connaissait au xe siècle déjà l'empereur byzantin Constantin Porphyrogénètc, et qu’aujourd’hui encore on répète couramment à Spalulo, a lié étroitement au mausolée impérial le souvenir des chrétiens persécutés par Dioclétien. D’après cette tradition, la crypte humide et sombre, ménagée, pour les besoins de la construction, dans le soubassement qui porte la rotonde, aurait servi de lieu de prison et de torture aux saints martyrs victimes des cruautés impériales. Il est à peine besoin de discuter cette histoire : mais elle est un curieux témoignage des sinistres légendes dont le christianisme victorieux entoura de onne heure les derniers jours de son implacable adver-airc. Ce ne fut point ossez, pour la haine des chrétiens, ue Dioclétien ait, vivant, assisté à la ruine do son uvre, qu’il oit vu son système politique détruit, le Christianisme, qu'il avait combattu par le fer et par le ■ang, légalement reconnu. Ce ne fut point assez qu’il #iL souffert dans ses affections intimes, qu’il ait vu, gâans pouvoir l'empêcher, sa fille prisonnière, dépouilléo de ses biens, exilée. Il a fallu de plus dramatiques »engeances à la satisfaction des vainqueurs. Lactanco liontre le vieux souverain, abreuve d’humiliations et d'outrages, traité « comme jamais ne le fut empereur Rivant », et craignant pour sa vie même; il le monlro,’ dans son magnifique palais de Spalato, l’âme troublée ie douleur, agitée de sombres pressentiments, refusant |a nourriture, incapable de sommeil, errant à travers Bes salles désertes, le visage inondé de larmes, poussant Be longs soupirs et de tristes gémissements : et il se ■éjouit de voir le persécuteur, si longtemps au comble ■c la fortune, accablé maintenant par la colère divine, «t détestant l’existence même jusqu’à se laisser mourir