LA SAINTE-MONTAGNE DE L’ATHOS 203 dédale/des couloirs et des hautes terrasses, à un salon d’apparat, où des rafraîchissements nous attendent, et à une vaste salle enfin, où la table est mise et le déjeuner servi. Est-ce courtoisie d’hôtes empressés à nous faire accueil, ou désir de mettre par notre séjour quelque distraction dans la monotonie de la vie coutu-mière, ou encore malice de moines, qui voudraient nous empêcher de visiter les couvents de langue grecque et garder pour Rossikon le monopole et le prestige de notre visite? Dans les efforts qu’on fait pour nous retenir, il entre un peu de tous ces sentiments. Et sans doute, des balcons de la haute salle, la vue est charmante sur le monastère étalé à nos pieds, avec les dômes rouges et verts des églises que couronnent des croix d’or, avec la mer toute bleue sous le grand soleil de midi, et le cadre merveilleux des forêts prochaines, où les arbres de Judée mettent des tons mauves sur le vert sombre. Mais tout cela, c’est l’Athos moderne, trop neuf, un peu banal en somme. Et nous pressons le déjeuner avec une hâte peut-être discourtoise et nous partons, les bras chargés de chapelets et d’icones, que nos hôtes de Rossikon nous font accepter en souvenir d’eux. Et tandis que de nouveau les cloches sonnent à toute volée, nous regagnons le bord dans les barques que manœuvrent de noires équipes de moines, très frappés de cette richesse et de cette force russes, nées d’hier a l’Athos et déjà toutes-puissantes. Et sans doute, jusqu’ici, les Russes ne possèdent qu’un monastère sur les vingt qui constituent la république athonite. Mais ils occupent plusieurs skites, dont celui de Saint-André, aux portes de Karyès, est un véritable couvent, et fort important ; ils détiennent un nombre plus considérable encore de kellia, Et sans se