EN BOSNIE-HERZÉGOVINE 119 polje, où vivent des Allemands de Hongrie, et d’autres encore, où l’on trouve des Allemands du nord, Hano-vriens, Luxembourgeois, Prussiens. Et sans doute, numériquement parlant, ce mouvement de colonisation peut sembler de mince importance : il n’en a pas moins la valeur d’un symptôme, que soulignerait, s’il en était besoin, la sollicitude qu’ont les écrivains d’Allemagne pour « nos frères allemands de Bosnie ». Ce n’est pas tout. Il faut voir de quelle manière on exploite quelques-unes des richesses du pays. La Bosnie possède un capital énorme dans les vastes forêts de chênes, de pins et de hêtres, qui couvrent près des deux tiers de son territoire. L’exploitation en a été concédée à des maisons étrangères au pays, pour les bots de chêne en particulier, à la grande maison Morpurgo et Parente de Trieste, dans des conditions que l’on dit dérisoires. Quoi qu'il en soit de ce dernier point, que je ne puis vérifier, il est certain que cette mise en valeur intensive du domaine forestier a amené en Bosnie une autre immigration étrangère, dont la Hongrie surtout a fourni les- éléments. Les Juifs magyars principalement ont été prompts à s’emparer de ces sources de bénéfice, et c’est par milliers qu’on compte ceux qui sont venus chercher et faire fortune dans les provinces occupées '. Et voici un dernier fait, le plus significatif peut-être. Géographiquement, la Bosnie est orientée vers l’Adriatique ; ses débouchés naturels sont vers la mer. Il semblait indiqué qu’on la reliât tout d’abord aux grands ports de commerce de la Dalmatie. Au lieu de cela, 1. Cf. A. Leroy-Beaulien, art. cité, p. 122-123.