EN BOSNIE-HERZÉGOVINE 111 sont nommés par le gouvernement. C’est donc l’administration qui, seule, règle toutes choses en souveraine maîtresse, et j’ai hâte au reste d’ajouter qu’elle les règle avec une compétence, une habileté et une souplesse admirables. Un des plus hauts fonctionnaires de la Bosnie résumait ses principes de gouvernement en cette brève et caractéristique formule : « Suaviter in modo, fortiter in re. » C’est la vérité même : sous la bonne grâce infinie des procédés, il y a dans les actes une constante et tenace énergie. Il est à peine nécessaire de dire quelle est, du côté qui administre, la stricte et sévère hiérarchie de la machine. Tout y marche à la baguette, tout y est organisé d’après une discipline proprement militaire. Aussi bien certains services importants, tels que les postes et télégraphes,et plus de la moitié des chemins de fer, sont-ils, dans ce pays d’occupation, directement administrés par l’autorité militaire : mais, dans le civil même, les consignes ne sont ni moins fermes ni moins rigoureuses. Les jeunes fonctionnaires qui, avec une si aimable obligeance, nous promenaient par les rues et aux environs de Serajevo, étaient là en service commandé, à jour et à heure déterminés; et je me souviens, avec quelque envie de sourire, du profond et visible embarras de cet honnête employé bosniaque qui, un soir d’excursion, était réduit, par je ne sais quelle distraction survenue en haut lieu, à se poser cette question aussi troublante pour lui que pour nous-mêmes : « Avons-nous des ordres pour le dîner de ces messieurs? » On juge aisément des effets d’une telle discipline, quand elle s’applique au côté des administrés. Dès le lendemain de l’occupation, l’Autriche a pris en Bosnie