56 EN MÉDITERRANÉE l'âge précédent, le siècle de Justinien ne se piquait guère d’en respecter les restes. Pour élever les citadelles et les églises d’Afrique, les constructeurs byzantins ont sans scrupule cherché des matériaux dans les ruines des cités romaines, et plus d’une fois ils en ont ainsi achevé la destruction. On fît de même à Salone. Pour édifier la vaste et somptueuse basilique où l’on avait décidé de recueillir les reliques des martyrs, résolument on débarrassa le terraiir de tous les dobris de l’époque antérieure. On acheva de démolir, à l’exception de deux d’entre elles, les vieilles chapelles vénérables et branlantes qui encombraient la place; on enterra sous une profonde couche de terre les tombes et les sarcophages des siècles passés; sur le terrain nivelé et surélevé on traça le plan du nouvel édifice; et pour le'bâtir, on employa sans hésiter les pierres provenant des chapelles détruites et les fragments des sarcophages brisés. Ainsi, sur le cimetière des martyrs, une grande et superbe basilique s’éleva, longue de 48 mètres et large de 21 ; un double narthex y donnait accès; deux rangées de colonnes de marbre la partageaient en trois nefs. Elle était pavée de larges dalles de pierre; ses murailles étaient revêtues de marbres précieux ; à la voûte de l’abside étincelait probablement une mosaïque, représentant l’agneau divin debout sur un rocher d’où jaillit la fontaine de vie, et à ses côtés d’autres agneaux figurant les douze apôtres. Enfin, à l’endroit où se reposaient depuis le ive siècle plusieurs des martyrs de Salone, une vaste crypte, somptueusement pavée et revêtue de marbres, fut ménagée sous le chœur; on y rassembla les restes de tous les saints enterrés dans le cimetière. Solennellement on transféra les sarcophages, jadis déposés dans les chapelles,