92 EN MÉDITERRANÉE au bord de sa rivière qui semble ici un grand lac tranquille ; Mostar surtout, avec son vieux pont turc tendant par dessus la Naronta la courbe audacieuse de son arcade, avec ses mosquées au porche enluminé de vives couleurs, avec l’original costume de ses femmes, qui-couvrent d’un grand cabriolet noir leur visage strictement voilé. Et déjà, en pleine nature alpestre, l’Orient tout proche met ainsi sa note pittoresque et imprévue, et — autre contraste — sur les cimes chauves qui encerclent Mostar, des forts autrichiens très modernes surveillent l’Herzégovine longtemps frémissante. Et maintenant, des sommets de l’Ivan, le chemin de fer redescend vers la plaine ; du versant de l’Adriatique il passe aux vallées tributaires de la mer Noire; et voici, dans une large dépression que limite un cercle de collines, la capitale de la Bosnie, Serajevo. Elle est charmante entre toutes, cette vieille capitale ottomane, sous son ciel très bleu et son clair soleil, avec sa parure de mosquées lançant dans l'air les sveltes fuseaux de leurs minarets, avec ses petites maisons de bois s’étageant sur les pentes prochaines parmi les grands arbres et la fraîcheur des eaux courantes. Elle a toute la grâce de l’Orient lointain, tout le charme pénétrant de l’Islam, et involontairement on pense à Brousse, assise en un site tout pareil sur les pentes de l’Ülympe, ou aux quartiers écartés et populaires qui sont le cœur de Stamboul. Que l’on aille, surtout aux heures où l’appel à la prière la fait plus vivante et plus colorée, dans cette cour de la Begova-Djami, où sous les tilleuls séculaires chante doucement la fontaine aux ablutions, que l’on erre dans les rues étroites du bazar, toutes bordées do pittoresques échoppes et où le marteau des bat-