LES FOUILLES DE SALONE 39 devait à la faveur de Dioclétien et au voisinage du palais impérial un long regain de splendeur et de prospérité, de la cité fameuse enfin que l’imagination du moyen âge égalait en étendue à la moitié de Constanti-nople. Cela est peu sans doute, et même en souvenir de Dioclétien qui y naquit, Salone assurément ne vaudrait guère une visite, si à côté des monuments écroulés de sa gloire mondaine et païenne, elle n'avait autre chose à offrir de plus intéressant, si à côté des demeures où les vivants passèrent, elle n’avait fait lever une riche moisson d’histoire des cimetières où ses morts furent ensevelis. On sait de quelle lumière éclatante et imprévue les découvertes mémorables, faites par de Rossi dans les catacombes romaines, ont éclairé en ce siècle l’histoire des premiers temps du christianisme. Sans parler ici de tout ce qu’elles nous ont appris sur la délicate question des rapports de l’église naissante avec l’autorité civile, elles ont sur un point plus important encore apporté de nouvelles clartés. Tous ceux qui ont suivi avec quelque attention le mouvement archéologique de ces dernières années savent comment, dans tout le vaste domaine de l’antiquité classique, bien des faits, que la saine critique mettait résolument au rang des fables, ont, grâce aux fouilles récentes, repris pied dans l'histoire. La Troie de Priam, la Mycènes d’Aga-memnon, la Rome carrée des premiers rois, exhumées par d’heureux explorateurs, ont rendu ligure historique et réelle aux héros de l’épopée d’Homère, aux personnages du traditionnel récit de Tite-Live et révélé sous les broderies de l’imagination populaire un fond d’authentique et incontestable réalité. Il en est allé de même dans le domaine des antiquités chrétiennes. Il