LES FOUILLES DE DELPHES 165 Si quelque chose rappelle la mélodie de notre hymne dans la musique moderne, ce sont certains « airs de pâtres » des pays de montagnes, d’un accent si naïf et si mélancolique, et les compositions savantes qui s’en sont inspirées, par exemple la mélodie pour cor anglais solo qui ouvre le troisième acte de Tristan et Yseult1 ». Peut-être est-ce là beaucoup dire : et le compositeur du second hymne, en tout cas, malgré sa science, manque un peu de souffle, et son invention mélodique est pauvre. Le premier assurément est d’une variété plus heureuse et d’un talent supérieur. Pourtant, j’ai grand peur que, malgré leur vogue d’un moment, les hymnes d’Apollon ne soient destinés à garder plus d’intérêt pour l’histoire de la musique qu’à donner de jouissance esthétique ou d’émotion musicale aux auditeurs. Quoi qu’il en soit, les musiciens étaient fort honorés à Delphes. La corporation des artistes dionysiaques a couvert le sanctuaire du souvenir de ses victoires, des privilèges qui lui furent conférés, des procès qu’elle allait plaider jusque devant le Sénat romain. A côté d’elle, les gens de lettres, les historiens, les savants, les philosophes n’étaient pas moins honorés. Gomme à Olympie, on donnait à Delphes des conférences ; on y faisait des lectures publiques ; comme à Olympie, dans les grandes foires qui accompagnaient la célébration des fêtes, les intérêts les plus divers s’agitaient. Théories qui, de la Grèce entière, venaient consulter l’oracle ou consacrer des offrandes à Apollon, ambassades sacrées venant prendre part à quelques fêtes solennelles ou, comme celles des Athéniens, rallumer à l’autel de Delphes le feu sacré qu’elle rapportait à 1. Bull, cle corr. hell., 1893, p. 602.