LES FOUILLES DE DELPHES 173 où l’on a droit de voir en tout cas une des œuvres maîtresses de l’art antique, digne de prendre rang auprès de la Nike d’Olympie. « Rien de plus élégant, dit M. Homolle, que cette haute tige, si directement inspirée par la nature et si peu stylisée encore, où la plante garde son port, sa souplesse et pour ainsi dire sa sève et sa chair. Rien de plus délicat que ces figures, élégantes sans mièvrerie, avec un petit reste même, dans le visage et la chevelure, de la sévérité archaïque, chastes sous ce vêtement court, qui dessine du corps ce qu’il ne laisse pas découvert, rayonnantes de jeunesse et graves cependant, vivantes, animées même, mais d’un mouvement mesuré, rythmique et religieux. .Peu de découvertes, et non seulement parmi celles de Delphes, peuvent nous donner mieux l’idée de la souplesse géniale, de l’imagination pittoresque des artistes grecs et de la grâce antique *. » J’ai déjà nommé également ce groupe de statues, provenant de l’ex-voto des Thessaliens, et que leur date, fixée avec certitude entre 338 et 334, permet de ranger parmi les témoins les plus authentiques de la sculpture grecque au ive siècle. L’une surtout est remarquable, celle que d’abord on a appelée VAthlète, et que l’on nomme Hagias maintenant : un homme nu, d’un vigoureux modelé, d’une grâce élégante, dont les formes élancées et l’expressif visage rappellent la manière de Lysippe et surtout de Scopas. Et du temps même de la décadence de Delphes et de l’art, nous est venue cette statue d’Antinoüs, que les Delphiens élevèrent, pour flatter Hadrien, en face même du pronaos du temple, et qui, dans son attitude un peu mélanco- 1. Bull, de corr. hell., 1897, p. 605-606.