CONSTANTINOPLE 223 révolution tros compliquée, que grands halls remplis de pompeux lampadaires de cristal et d’or, que salles énormes aux voûtes étincelantes posant sur une forêt de colonnes bleues; et jusque dans l’intimité des appartements, c’est une profusion insensée et vaine de matériaux précieux, comme dans ce bain romain, — l’une des grandes curiosités de Dolma-Bagtché — tout tapissé de marbre et d’albâtre ajourés en dentelles. Et il y a, dans la coûteuse et inutile splendeur de ce palais trop neuf et déjà inhabité, quelque chose de profondément mélancolique, et quelque chose de navrant aussi dans ce douloureux et impuissant effort pour adapter la vieille Turquie asiatique aux moeurs de l’Europe moderne. IV Après les journées passées on visites de monuments, en courses pressées à travers l’immense Stamboul, c'est une sensation délicieuse de calme, de fraîcheur et de repos qu’une visite, même rapide, au charmant archipel des îles des Princes. Sous le gai soleil, la merde Marmara très bleue se soulève en une longue houle berceuse; sur la côte d’Asie, Scutari et Chalcédoine déploient leur paysage enchanteur de villas, de mosquées et de grands arbres sombres; et au loin, pardessus la vaporeuse silhouette des rivages baignés dans une lumière argentée, l’Olympe chargé de neiges met des blancheurs rosées sur le ciel bleu. Jadis, ces îles verdoyantes et fraîches', Proti, Antigoni, Prinkipo, étaient peuplées de. couvents innombrables et plus d’une fois, des empereurs et des impératrices de