130 EN MÉDITERRANÉE teur de monstres et vainqueur du dragon Python, prit rapidement le pas sur tous ses prédécesseurs. Dieu prophète lui aussi, il renouvela par des rites nouveaux le vieil oracle pélasgique ; dieu sauveur, dieu purificateur, il donna à Delphes, par la supériorité des idées morales qu’il y apporta, un prestige imprévu et incomparable. Le vieil hymne homérique montre clairement la double origine du sanctuaire delphique. Quand Apollon fut né dans la sainte Délos, il se mit en route pour chercher le lieu où il bâtirait son temple et rendrait ses oracles. Après bien des courses errantes, il trouva l’endroit prédestiné « sous le Parnasse neigeux, au pied d’un mamelon tourné vers le Zéphyre; au-dessus sont suspendus des rochers, au-dessous court une' vallée profonde et abrupte. Là, le prince Phoebos-Apollon résolut de bâtir un temple et il dit : « Voici où je pense « bâtir un temple superbe qui sera pour les hommes un « oracle, et eux m’amèneront toujours ici de complètes « hécatombes, aussi bien ceux qui habitent le fertile « Péloponnèse que ceux qui occupent l’Europe et les îles « entourées par les flots ; et moi, je leur révélerai à tous « un conseil, le dictant en mon temple opulent. » Et marchant sur les crêtes escarpées du Parnasse, comme le dit l’un des hymnes récemment découverts à Delphes, le dieu, « de sa main immortelle, traînait d’immenses blocs, fondements de son temple », lorsque le fils monstrueux de la Terre, le dragon Python, lui dispute la place. De sa flèche invincible^ Apollon frappe le monstre; puis s’étant purifié du sang qui l’a souillé, couronné du saint laurier qu’il cueillit dans la fraîche Tempé, le dieu cherche pour son sanctuaire vide les prêtres qui viendront, « dans la rocheuse Pytho, faire les cérémonies saintes et annoncer les décrets de