148 EN MÉDITERRANÉE illustres du monde grec avaient, en d’élégantes chapelles toutes parées de sculptures, accumulé les objets d’art qu’elles consacraient à Apollon, portiques, dont les blanches colonnes se détachaient sur le fond doré du mur polygonal, autels magnifiques, ex-votos d’argent et d’or. Pausanias a minutieusement décrit toutes ces merveilles, où les cités helléniques s’étaient complues à glorifier leur richesse, leur puissance et leurs victoires : les fouilles nous en montrent à chaque pas, sur le sol, les soubassements et les débris. Voici d’abord, face à faco, presque à l'entrée du sanctuaire, les monuments rivaux d’Athènes et de Sparte, le trophée où Phidias, dit-on, avait, en souvenir de Marathon, dressé les statues des dieux et des héros de l’Attique, et ce vaste piédestal des Navarques, comme le nommait l’appellation populaire, qui portait 38 figures de bronze, et où Lysandre avait voulu immortaliser la victoire d’Aegospotamos. Au-dessus de l’ofïrande athénienne, le cheval de Troie, don d’Argos, dressait sa tête colossale; le long de la route, d’autres offrandes somptueuses rappelaient la munificence d’Argos, de Corcyre, de Tégée, de Tárente : les plus belles étaient les deux hémicycles où Antiphanès avait placé les statues de bronze des anciens rois argiens et le groupe des Epigones. Puis c’étaient des trésors : à droite, un peu au-dessus de la route, celui de Corinthe, à gaucho, en bordure de la voie sacrée, celui de Sicyone, dont les fouilles nous ont rendu les vieilles métopes de tuf d’une si naïve énergie, celui de Siphnos, l’un des plus admirés à Delphes, où l’île aux mines d’or avait épuisé toutes les magnificences, celui de Cnide encore, dont on a découvert des débris admirables et dont on peut voir au Louvre la façade reconstruite, avec les figures de