202 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE aucune usurpation d’empereur ou de roi barbares n’a pu prescrire ses droits. L’autocrate grec aurait parfaitement pu tenir à l’ambassadeur de Charlemagne le propos que lui prête, en se gaussant, le moine de Saint-Gall : « Pourquoi ton prince se fatigue-t-il à guerroyer contre les Saxons?.. Je te les donne, prends-les, ainsi que le pays qui leur appartient. » De même qu’il n’existe qu’un Dieu, il n’existe sur terre, pour les choses temporelles, qu'un vicaire de Dieu : le Basileus. Bien plus, il est Dieu autant qu’un homme, autant qu’un chrétien peut l'être : à certains jours il fait le personnage du Christ. A la fête de Pâques, nous dit M. Schlumberger, il se montre à ses sujets dans le costume de Jésus ressuscité, « avec des bandelettes dorées autour du corps, qui représentent celles du Christ dans le tombeau, les cuisses enveV:''s dans un linceul, les sandales dorées aux pieds, avec le sceptre crucigère dans une main, et dans l’autre Yakakia, sachet d’étoffe de pourpre, enveloppé dans un sac de soie et plein de la poussière des tombeaux ». Autour de lui de hauts dignitaires, en nombre égal à celui des apôtres, vêtus de costumes semblables, portent aussi la croix dans leurs mains. Mais enfin l’empereur n’était Dieu que par procuration et non plus de son propre chef comme les empereurs païens. Il n’était Christ que par l’onction du Christ et comme son élu. Le véritable empereur de Constantinople, c’est Jésus : combien de monuments iconographiques nous représentent le Christos Basileus avec la couronne, le costume et tous les insignes impériaux! Sous les premiers empereurs, les monnaies représentaient d’un côté l’effigie du