EMPEREURS ET IMPÉRATRICES ü’ORIENT 219 reçoit les honneurs du triomphe à l’Hippodrome ; un quatrième, Elysée, est chargé de l’ambassade à Charlemagne et enseigne à Rothrude la langue grecque et les manières de la cour. Le grand acte d’Irène, qui fut sa revanche sur la tyrannie de son défunt mari, la revanche du sentiment féminin sur l’idée iconoclaste, que soutenaient encore le sénat et les chefs militaires, ce fut la convocation du fameux concile de Nicée : il rétablit le culte des images. Le fils d’Irène avait déjà vingt ans et continuait à se montrer d’une docilité exemplaire. En 788, le projet de mariage avec Rothrude ayant été rompu, elle le força d’épouser une fille du thème armé-niaque, nommée Maria. Ce mariage semble avoir émancipé Constantin; nous le voyons conspirer contre sa mère et l’eunuque Staurakios, le confident et le généralissime de la Basilissa. Avertie par Staurakios, elle fit de vertes remontrances à son fils, s’emporta jusqu’à le frapper au visage, lui enjoignit de se tenir renfermé dans le palais, exigea des troupes le serment de n’obéir qu’à elle seule. La garnison de Constantinople y consentit; mais les légions du thème arméniaque, obéissant peut-être à quelque appel de la jeune impératrice, s’y refusèrent et prirent les armes. La révolte s’étendit : partout les soldats, las d’obéir à une femme, s’insurgèrent contre leurs officiers et demandèrent à grands cris Constantin. L’émeute devint une révolution. Staurakios fut tonsuré et exilé, Irène se retira dans un château fort avec ses richesses, et Constantin gouverna. 11 gouverna fort mal, se fit battre par les Bulgares, et le sentiment de sa propre incapacité