LES EXPLOITS DE DIGÉNIS AKKITAS 101 Philistins ont déjà mordu la poussière. Antar livre son premier combat, les jambes enchaînées par l’ordre du roi Moundhir. Il est probable que les traits de délicatesse chevaleresque, de respect poulies femmes, qu’on trouve semés dans le poème d’Akritas, parmi les traits de cruauté et de débauche, sont dus à l’influence des Arabes. Antar peut être opposé à tous les preux d’Orient et d’Occident, comme un modèle de chevalerie, comme le miroir des amants héroïques. Ce Bédouin, ce demi-nègre, ne connaît pas la jalousie cruellement orientale d’Akritas. Il n’étouffe pas sa bien-aimée dans ses bras, il meurt en lui sauvant la vie. Tel est l’idéal d'héroïsme que se créait la poésie des Arabes avant et après Mahomet. Est-il étonnant que leur apparition sur la scène du monde ait renouvelé les traditions de bravoure et contribué peut-être à la naissance de la chevalerie? Ce goût que manifeste Akritas pour la solitude, ses promenades sur les bord des fleuves, parmi la splendide végétation de la nature syrienne, sans autre compagnie que celle de la bien-aimée, rappellent la vie que, dans le poème hindou, Rama voulut mener au désert, seul avec sa femme Sita et son frère Lachmana. Le dragon, qui prend la forme d’un beau jeune homme pour essayer de séduire Eudocie, se retrouve non seulement dans la Genèse, mais dans le Ramayana. La vertueuse Sita n’est-elle pas trompée par le démon Ravana, qui prend la forme d'une gazelle aux poils d’or? Bien d’autres traits de la Digénide ou des chansons akritiques n’appartiennent en propre à aucune épopée. Akritas est un moment séparé de son épouse et ne la recon-