138 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE rien refuser à personne. A lui-même surtout il ne refusait rien, se laissait aller à son penchant pour le sexe. Après un gouvernement de femmes, on avait un gouvernement de viveur, qui joyeusement conduisait l’empire à sa perte. Dans son exil de Lesbos, il s’était épris de la sœur de Romain Skléros, la Skléréna. Quand il devint l’époux de Zoé, il n’oublia pas son premier amour. Il nomma Skléros magisler et protostralor; il eut même l’adresse de faire écrire par sa femme à sa maîtresse une lettre où on la pressait de venir à Constantinople. L’empereur voulut lui élever un palais digne d’elle; il se chargea de presser les travaux et de stimuler les maçons, et c’était un prétexte pour passer chaque jour de longues heures auprès d’elle. Pendant un temps ces relations furent entourées de quelque mystère, et les courtisans se ménageaient des titres à la faveur du prince en facilitant discrètement les rendez-vous; à la fin le secret éclata, mais Zoé montra beaucoup de philosophie. « L’âge, dit Psellos, avait éteint ses ardeurs d’autrefois et lui épargnait les tourments de la jalousie... Elle était trop vieille pour l’amour. » Constantin finit par obtenir qu’il serait libre; la Skléréna fut proclamée Sébaste,c’est-à-dire auguste, eut son appartement dans le palais et prit rang après les deux impératrices. Psellos, qui aimait à être bien avec tout le monde, alla lui faire sa cour et fut bien reçu. Elle sut le prendre par sa vanité de sophiste : elle l’écouta. Il nous a laissé d’elle un portrait séduisant : « Ce n’était pas qu’elle fût d’une beauté irréprochable; mais elle plaisait par une conversation exempte de malice et de médisance : telle était la douceur et l’aménité de son caractère