78 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE assommant lesapélates à coups de massue et apportant à leur chef les armes qu’il a conquises sur eux : « et si cela n’est pas de ton goût, dit-il à Philopap-pos, je te traiterai aussi de la même façon ». Bientôt le jeune akrite entend parler de la belle Eudocie. Comme Y admirable jouvencelle de l’émir, elle se trouve être une Doucas. Digénis s’approche du palais où habite le père de sa bien-aimée, un illustre général de l’empereur. Ses chants attirent la jeune fille, qui se met à la fenêtre; elle s’éprend de sa bonne mine et consent la nuit suivante à se laisser enlever; mais le stratège Doucas avec ses trois fils et ses serviteurs se met à la poursuite des fugitifs. Akritas, serré de près par les cavaliers, fait asseoir la jeune fille sur un bloc de rocher, puis il charge ses adversaires, qui prennent la fuite. Le stratège Doucas reste seul en présence du jeune homme, pleurant et se lamentant sur la défaite de ses serviteurs et la perte de sa fille. Alors Digénis, apercevant le vieillard, va au-devant de lui, et, joignant les mains comme un suppliant, le prie de vouloir bien l’accepter pour gendre. « Si jamais, ajoute-t-il, tu avais à me charger de quelque affaire, tu t’assurerais quel homme est le gendre que tu possèdes. » Doucas remercie alors le ciel de lui avoir procuré une telle alliance. Il propose à Digénis une dot magnifique; mais celui-ci a pris Eudocie pour ses charmes, et distribue toutes ces richesses à ses beaux-frères. Après les noces, qui durèrent trois mois entiers, Digénis se rend avec sa jeune épouse dans le désert. Sans suite et sans escorte, il guerroie solitaire contre les monstres et les apélates. L’empereur de Byzance, Romain Lécapène, ins-