HELLÈNES ET BULGARES AU Xe SIÈCLE 295 il tendait tous les ressorts de l’empire. Rien qui pût le détourner de l’œuvre à laquelle il s’acharnait. Point de luxe inutile : à peine quelques joyaux sur ses vêtements d’apparat, de pourpre aux teintes sombres, quand il devait paraître en publie et recevoir des ambassadeurs étrangers. Tout le reste de ses joyaux dans les coffres du fisc, dans le trésor de guerre. Point de cour parasite : même les philosophes et grammairiens, pour lesquels son aïeul le Porphyrogénète avait été un protecteur et un confrère, disparurent du palais. « Il n’avait, affirme Zo-naras, aucun penchant pour les hommes de science et dédaignait l’instruction, qu’il considérait comme un bavardage inutile. » Reste à savoir si la science et l’instruction de ce temps, c’est-à-dire la scolas-tique byzantine, auraient pu empêcher Constantinople d’être mise à sac par les Bulgares. Enfin, un point sur lequel insiste M. Schlumberger, c’est que l’élément féminin, cause de tant de révolutions byzantines, est totalement absent de cette histoire. « Par une exception à peu près unique, Basile II semble n’avoir pas été marié. » Il laissait à son frère le soin de reproduire la race impériale comme il lui laissait la tâche de présider aux cérémonies de la vie de cour. En sa prime jeunesse, il s’était, assure Psellos, « livré sans pudeur, publiquement, aux plus folles orgies; il avait eu mainte liaison amoureuse; il avait adoré la société de ses compagnons de fête ». Brusquement le senLiment de sa responsabilité, le danger de l’empire, le transformèrent. Ce fut une conversion totale, comme celle qui marqua le réveil de Charles XII. Désormais plus de vin, plus de viande, et le coucher sur la dure. Basile II