l’hippodrome a constantinople Byzance; il existait avant Constantinople, il lui a survécu. Quand Sévère voulut reconstruire Byzance, il fit d'abord l'hippodrome; c’est sur l'orientation de l’hippodrome que Constantin bâtit le grand palais impérial, que Justinien éleva Sainte-Sophie; l’inflexible Église orthodoxe consentit à ce que la métropole de Constantinople inclinât légèrement au sud-est. L’hippodrome fit donc la loi au palais, à l’église, à la cité : à tout il imposa son orientation. L’axe de l’hippodrome, déterminé aujourd’hui par la position des deux obélisques fut en quelque sorte le pivot autour duquel gravita le monde byzantin. Deux anecdotes peuvent nous montrer jusqu’où allait la passion du citadin de la nouvelle Rome pour les jeux du cirque. Quand Justinien commença ses immenses constructions, le propriétaire d’une maison refusa de se laisser exproprier. On lui offrit des monceaux d’or, il persista dans son refus; on l’emprisonna, sa constance ne se démentit pas; on lui coupa les vivres, il souffrit en silence. Alors le préfet du palais de Justinien eut une idée lumineuse : l’empereur annonça qu’il allait donner au peuple des courses de char. A cette nouvelle, le courage abandonna le pauvre prisonnier, et, plutôt que ne pas avoir sa place au spectacle, il abandonna son patrimoine à vil prix. Un autre propriétaire ne se fit pas prier autant; du premier coup, il déclara qu’il était prêt à faire la concession de son terrain, pourvu qu’on lui accordât, pour lui et ses héritiers, une place d’honneur à l’hippodrome, et qu’on lui rendît, à l’ouverture de la séance hippique, les mêmes honneurs qu’à l’autocrator. C’était un cordonnier. Justinien consentit en souriant à cette demande, ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE. 4