MICHEL PSELLOS 113 Ce ne sont pas seulement les Grecs, mais tous les peuples de l’Europe orientale qui se prennent d’intérêt pour les annales de Byzance : les Croates, les Serbes, les Bulgares, les Roumains, y retrouvent les hauts faits de leurs ancêtres et leur titre à la possession du sol qu’ils occupent. On peut dire que les travaux scientifiques des Grecs, des Russes et des autres Slaves ont fait sortir cette histoire du domaine de l’érudition pure et l’ont rangée parmi les histoires vivantes. Le souffle des passions nationales est venu animer cette poussière et provoquer une résurrection. Où nous n’avions vu longtemps qu’une dissolution et une décadence, les héritiers de Byzance voient l’éclosion des nations modernes. Il n’y a plus de Bas-Empire comme au temps de Lebeau : il y a le moyen âge gréco-slave, aussi fécond que le moyen-âge latino-germain. D’ailleurs n’est-ce pas une grande page de l’histoire universelle qui nous est restituée? Byzance a été l’un des organes essentiels du développement de l’humanité; elle a été l’intermédiaire nécessaire entre l’Asie et l’Europe, entre le monde antique et le monde moderne. C’est par elle que les idées et les sciences des Persans, des Arabes et des Chinois ont pu passer en Europe ; c’est par elle que les traditions de la Grèce classique ont pu se conserver jusqu’au moment où les Italiens et les Français ont réussi à se dégager de la barbarie. Du Ve au xvie siècle, aucun peuple n’eut une mission historique plus haute que les Gréco-Romains de Constantinople. Deux fois, à la veille des Croisades, la monarchie byzantine a jeté un certain éclat. Au IXe et au x' siècle, règne la dynastie macédonienne, illustrée ¿TODES SUR L’HiSTOIRE BYZANTINE. 8