HELLÈNES ET BULGARES AU Xe SIÈCLE 287 large, mais dénuée de tout confort. Rude était le paysan bulgare; plus rude encore le boïar de province. La puissance et la cohésion môme de l’État bulgare avaient tenu presque uniquement à l’énergique personnalité de Siméon. Elles ne devaient pas lui survivre. Sous le tsar Pierre, très pieux, très doux, sans talent ni ardeur militaires, la monarchie se démembra. Un de ses boïars, le comte ou comité Sischman, de Tirnovo en Mésie, alla s’installer, avec ses quatre fils, les comitopouli, comme les appelèrent les Grecs, dans un château fort de l’Ouest. Il sépara de la Bulgarie danubienne la Macédoine et l’Albanie, y fonda une sorte de Bulgarie du Pinde, plus guerrière, plus féodale, plus nationale de sentiment, plus antigrecque que celle dont Preslav-la-Grande était la capitale. Plus d’un boïar dut l’imiter en des proportions plus modestes. Partout s’émancipait la féodalité, partout se restaurait l’autorité patriarcale des chefs de clan. Une autre cause de désagrégation, ce fui la propagation en Bulgarie de l’hérésie manichéenne, qui, du pope Bogomil, y prit le nom de bogomilisme. En s’attaquant à l’Eglise nationale incarnée dans le patriarcat, elle affaiblissait l’État ; elle tendait môme à désagréger la nationalité. On a remarqué que, lors de la conquête ottomane, la plupart des Slaves qui montrèrent de l’empressement à embrasser l’Islam étaient des Bogomiles. VI L anarchie où était retombée la Bulgarie tenta 1 ambition d’un empereur grec, Nicéphore Pliocas,