EMPEREURS ET IMPÉRATRICES D’ORIENT 231 et l’affection maternelle la fit-elle passer sur toute autre considération? Ou bien une nouvelle passion pour un héros plus jeune de dix ans lui fit-elle oublier cette première inclination, dans laquelle étaient entrées tant de considérations politiques? Quoi qu’il en soit, un complot se forma contre Nicéphore; il eut pour chef celui qui avait le plus contribué à le faire empereur, son compagnon d’armes et son émule de gloire, Jean Zimiscès; l’impératrice connut la conspiration, l’encouragea et promit à Zimiscès d’être sa femme s’il la débarrassait de son mari. Elle était liée avec lui par une intrigue galante, comme elle l’avait peut-être été avec Nicéphore du vivant de Romain II. « Zimiscès, nous dit M. Schlumberger, pour s’unir à l’impératrice dans de criminels rendez-vous, avait à traverser chaque soir le Bosphore dans une barque et se perdre ensuite dans le dédale des bâtiments palatins, se confier à la discrétion d’eunuques et d’esclaves, courir le risque, dans le cas où l’intrigue serait découverte, de supplices atroces et d’une mort ignominieuse. » L’éternelle tragédie de Clytemnestre armant contre Agamemnon la main d’Égisthe se renouvela une fois de plus. Par une nuit de décembre, l’impératrice fit entrer les conjurés dans l’enceinte du palais et les cacha dans les appartements secrets. Elle-même se rendit auprès de Nicéphore pour l’occuper et endormir ses soupçons, lui persuada de laisser ouverte la porte de son cubicalum; elle l’épia quand il succomba au sommeil et donna le signal aux assassins. Sur le cadavre mutilé du vaillant empereur, Zimiscès chaussa les brodequins de pourpre, et les conjurés se répandirent dans le