HELLÈNES ET BULGARES AU Xe SIÈCLE 315 une artillerie nombreuse et bien servie, dont les catapultes etbalistes lançaient des boulets de pierre, des viretons d’airain et des pots de feu grégeois. Il existait une stratégie, une tactique, une poliorcéti-que byzantines. Elles s’inspiraient des traditions, mais adaptées aux temps nouveaux et aux guerres nouvelles, qu’avaient formulées les théoriciens de la Grèce et de la Rome antique. Parmi les écrivains militaires de Byzance, il suffit de citer les empereurs Maurice, Léon le Sage, Constantin Porphyrogénète, Nicéphore Phocas, et l’auteur anonyme des Conseils et Récits. Ces traditions d’art militaire, héritées de l’antiquité, les Bulgares ne les possédaient que de seconde main; ils n’ont guère eu le temps de s’en pénétrer. Si Krum et Siméon purent balayer devant eux les légions de Byzance, ce fut en entraînant, dans une brutale impétuosité de torrent, toutes les hordes du Nord; ce fut par l’écrasante supériorité du nombre sur un adversaire que déconcertait une tactique non encore étudiée. Quand les Grecs, sous Basile II, se mirent résolument à l’œuvre, pas une fois le tsar Samuel ne put remporter de victoire en bataille rangée : son succès de la Porte Trajane fut une surprise de nuit, dans un défilé, et largement compensée par la terrible surprise au gué du Sper-chios. Presque aussitôt, nous le voyons se réduire à la défensive, se maintenir sur les hauteurs, remparer ses villes, barricader ses défilés. Entre les troupes qui enlevèrent ces hauteurs, ces remparts et ces défilés, et celles qui n’eurent, bien abritées, qu’à les défendre, la vraie supériorité militaire devait être du côté des premières. Elles durent avoir pour elles la fermeté dans la défensive, l’audace dans l’offensive,