126 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE ment as-tu pu te résigner à cette cruelle séparation? Mais dis-moi : quel séjour t’a reçue? dans quelles demeures te reposes-tu? au milieu de quelles prairies? de quelles grâces, de quels jardins peux-tu récréer tes yeux? Quelle est donc la félicité que tu as préférée à ma vue? Par quelles fleurs es-tu séduite? par quelles roses, par quels ruisseaux murmurants? quels rossignols te charment de leurs doux chants, quelles cigales de leurs concerts?... On peut comparer les dernières paroles de Psellos avec les chants funèbres recueillis le plus récemment dans les divers pays d’Europe où cet usage s’est conservé : on verra combien l’étudiant byzantin a suivi de près la tradition rustique. Dans ces penthima, on semble ne pas se faire de l’autre vie une autre idée que celle des poètes classiques. Ce sont toujours des espèces de Champs-Élysées avec leurs ombrages, leurs roses, leurs eaux jaillissantes et leurs rossignols. Toute inspiration chrétienne en est absente. A côté de ce paganisme poétique, voici que reparaît l’influence de l’Église orthodoxe, l’ascétisme chrétien : tant la vie byzantine, que des écrivains superficiels prétendent juger d’un seul mot, présentait de contraste, de variété et de complexité 1 Auprès de cette môme tombe sur laquelle retentissent ces chants profanes, Psellos retrouve sa mère qui dans son désespoir s’est consacrée à Dieu. La voilà revêtue du manteau noir des religieuses; ses beaux cheveux blonds sont tombés sous les ciseaux sacrés; son visage est couvert d’un voile. Il y avait longtemps d'ailleurs que tel était son vœu le plus cher : elle ambitionnait cette vie paisible, toute pleine de Dieu; « elle convoitait les haillons d’étoffe grossière et la ceinture d’ermite; elle souhaitait de