236 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE asseoir avec elle sur le trône, et ordonna à tous les assistants de l’acclamer et de se prosterner devant lui. On prétend que, dans la même nuit, le patriarche Alexis, appelé en toute hâte, bénit le mariage de Zoé et Michel, prit part à la proclamation du nouvel empereur et assista à la mise en linceul de l’ancien ’. Zoé ne fut pas heureuse avec son second mari, toujours en proie à sa maladie noire, à des accès d’épilepsie, à des crises de remords, s’efforçant à racheter son crime par des pèlerinages aux sanctuaires en renom, abandonnant à son frère l’eunuque l’administration de l’empire, le laissant étendre même sur l’impératrice son despotisme violent et tracassier, tandis que les barbares ravageaient les provinces. Michel ne se reprit qu’une seule fois pour marcher contre les Bulgares et les battre. Il revint mourir à Constantinople. Lui mort, l’eunuque Jean entreprit d’imposer à l’impératrice un maître de son choix : c’était un neveu à lui, et comme lui un grossier Paphlagonien, qui avait été calfat sur les chantiers du port. Il devint l’empereur Michel le Calfat. Il était trop jeune pour que Zoé osât l’épouser; elle se contenta de l’adopter, en lui faisant jurer, à la table de communion, de la traiter comme une mère. Le parvenu fut ingrat pour tout le monde : il exila son oncle Jean et fit eunuques plusieurs de ses parents dont il redoutait l’ambition ; puis il rélégua l’impératrice dans l’île de Proti, où elle fut internée dans un [1. De ce pittoresque récit on peut rapprocher les pages, non moins vivantes, de VHistoire de Psellos. On lira avec intérêt le livre de G. Schlumberger, l’Épopée byzantine, t. III : les Porphy-rogénètes Zoé et Théodora, Paris, 1905.]