HELLÈNES ET BULGARES AU Xe SIÈCLE 271 Nord-Ouest (du moins ceux qui n’ont point passé à l’islamisme) sont catholiques. La langue qui leur est commune à tous, sauf quelques différences dialectales, dissimule sa réelle unité sous la variété des alphabets russe et bulgare, tandis que leurs voisins de l’Ouest ont adapté à leur idiome l’alphabet latin. L’histoire a mis entre les Bulgares et les Slaves du Nord-Ouest encore d’autres différences : les premiers ont tous subi la domination ottomane, sous laquelle s’est maintenue leur unité ethnique ; les seconds ont été disputés pendant des siècles entre les dominations turque, germanique et hongroise : c’est pourquoi ils n’ont pu constituer leur unité nationale et en paraissent encore très loin, Durant les siècles du moyen âge, à cause de leurs divisions politiques ou religieuses, les Slaves du groupe serbo-croate ont rarement trouvé l’occasion de jouer un grand rôle. Suivant que triomphait la Grèce ou la Bulgarie, ils restaient vassaux du Basi-leus ou passaient sous la suzeraineté du « tsar » danubien. A plusieurs reprises s’élevèrent chez eux des rois puissants qui remportèrent des victoires; mais jamais, tant que la Bulgarie et la Hellade se disputèrent l’hégémonie, la race serbo-croate ne fut pour elles un compétiteur. Une seule fois elle parut sur le point de saisir le rôle prépondérant; mais c’était quand l’empire grec, mortellement atteint par le coup que lui avait porté la croisade de 1204, achevait de se disloquer; quand la Bulgarie, un moment ressuscitée par une dynastie valaque, s’effondrait de nouveau dans l’anarchie; quand le conquérant destiné à triompher à la fois de l’hellénisme et du slavisme allait prendre pied à Gallipoli. Ce fut à ce