l’hippodrome A CONSTANTINOPLE 39 solennités religieuses. Au commencement des jeux, l’empereur se levait dans sa tribune et, prenant dans sa main droite un pan du manteau impérial, faisait le signe de croix sur son peuple, bénissant d’abord les gradins de droite, puis ceux de gauche, enfin ceux de l’hémicycle. Le patriarche et son clergé avaient leur place marquée dans l’hippodrome, comme les flamines et les vestales au circas maximus. Les chantres de Sainte-Sophie et des Saints-Apôtres mêlaient leurs voix à celles des chanteurs des factions et au son de leurs orgues d’argent. Les hymnes qui retentissaient dans l’enceinte de l'hippodrome étaient des chants d’église où les Byzantins trouvaient moyen de glorifier à la fois la sainte Trinité et la sainte Vierge, les vertus de leur souverain et l’habileté de leurs cochers favoris. Aux réjouissances hippiques se mêlaient aussi, sans perdre de leur majesté, les solennités les plus graves de la vie nationale. Entre deux triomphes de cochers, 011 triomphait des ennemis de l’empire. C’est là que Gélimer, roi des Vandales, après la perte de ses États, après la lettre qu’il écrivit à Bélisaire pour lui demander un morceau de pain, une cithare pour chanter ses malheurs et une éponge pour essuyer ses larmes, fut amené par le général vainqueur aux pieds de l’heureux Justinien. A l’aspect de ce peuple immense, de ces monuments, de cette splendeur impériale, le prince philosophe laissa tomber la célèbre parole : Vanitas vanilalum et omnia vanitas! C’est encore dans l’hippodrome qu’au x° siècle on célébrait les triomphes sur les Sarrasins; dans l’arène immense, en présence de tout le peuple siégeant sur ses gradins, défilait l’interminable cor-