76 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE terribles imprécations, elle lui enjoint de revenir à Édesse; d’autre part, les cinq frères le soupçonnent de vouloir abandonner leur sœur et sont toujours prêts à tirer l’épée. Le terrible chef, devenu débonnaire par amour, trouve moyen d’apaiser ses beaux-frères; puis il repart pour la Syrie, fait à sa mère une touchante peinture de sa passion et lui expose avec tant d’éloquence les vérités de la religion chrétienne qu’il convertit à sa foi nouvelle non seulement la vieille musulmane, mais tous ses parents. Tous l’accompagnent en Romanie pour se mettre au service de l’empereur orthodoxe. Dès lors, l'émir Mousour goûte aux côtés de « l’admirable jouvencelle » un bonheur sans mélange. Devenu vieux, il consacre ses derniers jours « à l’étude des voies du Seigneur ». Il peut se reposer sur ses lauriers, car Dieu lui a donné un héritier de sa valeur. De l’émir d’Édesse et de la fille des Doucas est né un héros, Digénis Akritas. Avec le quatrième livre commence le récit de ses exploits. A six ans, on le baptise. Pendant trois années, on le remet entre les mains d’un professeur, et il acquiert promptement une connaissance profonde des belles-lettres. Avec son père, il s’exerce à manier la lance et l’épée. De ses oncles, et surtout de Constantin, il prend aussi des leçons de vaillance. A douze ans, « il brille comme un soleil entre tous les enfants. » Déjà il est impatient de parcourir les forêts pour y combattre lions, léopards, ours et dragons. Son père est contraint de céder à ses instances et, avec son oncle Constantin, l’accompagne à la chasse. Un ours se jette sur Digénis pour lui broyer la tête : l’enfant le saisit par la gueule et l’assomme