258 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE tées autochtones et dont les anciens géographes nous ont rendu les noms familiers. A peine effleurées par la propagation de la langue romaine, il semblait qu’elles ne résisteraient point à la pénétration grecque, rayonnant à la fois de Constantinople et d’Athènes ; il semblait que toutes ces vieilles nations, qu’elles appartinssent au groupe illyrique ou bien au groupe daco-thracique, Mésiens, Albanais, Dar-daniens, Péoniens, Pélagoniens, Chaoniens, Molosses, etc., aux idiomes pauvres et rudes, n’entreraient enfin dans le grand courant de l’histoire et de la vie que par leur absorption dans l’hellénisme. Si ces Barbares n’avaient pu, en quatre siècles d’empire romain, devenir, comme les Ibères ou les Celtes, de vrais Latins, pourraient-ils se montrer aussi réfractaires à cette langue hellénique qui, depuis le vie siècle avant notre ère, s’insinuait chez eux par tant de colonies grecques et par toutes les voies du commerce, qu’avaient parlée les rois de la Macédoine et de l’Épire encore barbares, les Philippe, les Alexandre le Grand, les Antipater, les Ptolémée la Foudre, les Pyrrhus ; plus rapprochée de leurs idiomes qu’aucun autre parler humain; une langue qui était à la fois celle de l’Empire, celle de l’Église et celle de la civilisation? Il devait suffire, semblait-il, que les successeurs de Constantin le Grand maintinssent la frontière du Nord bien garnie de forteresses et de légions, rigoureusement fermée aux hordes asiatiques, pour que la péninsule tout entière, en quelques générations, devînt comme une Grèce immense, et que de la Save au cap Ténare on n’entendît plus que les sons de la langue de Platon. L’hellénisme avait, évidem-