80 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE raconte le héros, un criminel désir s’alluma en moi. Je chassai d’abord ces pensées d’incontinence afin de pouvoir éviter le péché; mais il est évidemment impossible à la flamme d’épargner l’herbe. J’étais tout entier la proie d’un feu ardent. L’amour ne cessait de croître en moi et s« glissait par tous mes membres dans mes sens. Enfin, grâce à l’intervention de Satan et à la négligence de mon âme, malgré toute la résistance que m’opposa la jeune fille, me conjurant au nom de Dieu et par les prières de ses parents, un acte des plus coupables fut consommé, et la route fut souillée d’un crime. » Il remit la pauvre fille aux mains de son amant, auquel il raconta comment il l’avait retrouvée, « passant sous silence ce qu’il ne fallait pas dire, afin que le jeune homme n’y cherchât point une occasion de scandale ». Il lui donna force bons conseils, l’engageant à ne jamais abandonner la jouvencelle et à la prendre pour femme suivant sa promesse ; mais Akritas sentait bien qu’il n’avait pas imité en cette occasion la continence de Scipion l’Africain. « Accablé sous le poids de son péché, la conscience bourrelée de remords, il se blâmait lui-même de sa coupable action. » Il retourna cependant auprès de sa bien-aimée, et n’en continua pas moins à goûter auprès d’elle la félicité la plus complète. Il avait établi sa tente dans une vallée ravissante; les eaux gazouillantes, le parfum des fleurs, tout y invitait à l’amour. La belle Eudocie secouait sur lui l’eau de rose, et le héros, prenant sa lyre, accompagnait les chants de la jeune femme. Ces gracieuses descriptions sont coupées par le récit de ses exploits : il tue un lion qui sortait d’un