276 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE entièrement dépossédée de son sol natal. Ces essaims ont modifié dans des proportions considérables, mais parfois difficiles à préciser, le vocabulaire géographique de régions où les Thessaliens, Béotiens, Athéniens, Achéens, Spartiates, Messéniens, pouvaient se croire intangibles. En Thessalie s’étaient cantonnés les Véligostes, les Berzites, les Ézérites, dont les noms ne peuvent s’expliquer que par l’étymologie slave. L’ancienne Magnésie s’appelle Zagorie (derrière la montagne). En Albanie, il y a une autre Zagorie, une Babagora (Mont de la Bonne femme), un Biélograd (ville blanche). Môme aux portes d’Athènes, sur le territoire sacré d’Eleusis, le village de Zastani (derrière la palissade) dénonce la présence de colonies slaves. Le nom moderne du Péloponèse, Morée, est peut-être slave (More, la mer, donc le pays maritime). Ce qui ne peut être contesté, pas plus pour le Péloponèse que pour le reste de la Hellade, c’est la multitude des noms de lieux dans le genre de ceux-ci : Zagora, en Messénie ; Véligosti, en Arcadie ; Goritsa (de gora), près de Mantinée; Chelmos (colline), en Achaïe; quantité de localités appelées Boukovitsa, Lipovitsa, Ôrié-chova, Toplitsa, Doubovo, Tirnovo ou Tyrnavos (de mots slaves signifiant hêtre, tilleul, noyer, peuplier, chêne, épine); Prochod, Pescanitsa, Kaménitsa, Granitsa, etc. (passage, sables, pierres, frontière); Tourovo ou Tourani, Bobrovo, Vitchi, Medviédets, Iastrébitsa, Rakovitsa (buffles, castors, loups, ours, faucons, écrevisses). Ce qui ne peut être non plus contesté, c’est la quantité de Zagories, Slavinies, Sclavinies, Slavochorion (cantons des Slaves), qui se rencontrent à tout moment dans les textes histo-