L’HIPPODROME a CONSTANTINOPLE 33 lant ensemble leurs spirales et écartant ensuite leurs trois têtes de manière à supporter un trépied. Aujourd’hui il n’y a plus de têtes sur la colonne; toutefois la partie supérieure de l’une d’elles, au témoignage de M. Albert Dumont, se trouverait conservée au musée Sainte-Irène à Constantinople. Depuis les travaux qu’on a faits pour le déblayer, le monument de bronze compte 5 m. 55 de hauteur, et l’on a pu vérifier un fait sur lequel les rapports des écrivains de l’antiquité avaient pu laisser planer quelque doute, c’est que nous avons bien sous les yeux le monument historique le plus respectable de toute l’antiquité grecque, ce fameux « dragon » que le Lacédémonien Pausanias, généralissime des Grecs, consacra dans le temple d’Apollon à Delphes, en mémoire de la grande victoire de Platée, avec le produit des dépouilles enlevées à l’armée de Xerxès. On peut lire encore sur les spirales du triple serpent une antique inscription énumérant les noms des trente-six peuples grecs qui avaient fourni leur contingent pour la grande bataille, depuis la petite ville de Mycènes, qui n’a pu amener que 80 hoplites, jusqu’à la puissante cité de Sparte, qui a su mettre en ligne 40000 guerriers. L’orgueilleux Pausanias y avait gravé son nom ; mais un décret du sénat de Lacédé-mone y a substitué ceux des trente-six villes héroïques. Byzance, par la suite des temps, hérita de Delphes, et le glorieux trophée passa, de l’ombre du sanctuaire où la pythie rendait ses oracles, sur la spina de l’hippodrome, et toujours le dragon de sa triple tête soutenait le trépied. Aujourd’hui il n’y a plus ni trépied, ni têtes. Les mutilations remontent à longtemps déjà; la superstition byzantine ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE. 3