LES EXPLOITS DE DIGÉNIS AKRITAS 95 infidèles. Près de Trébizonde, on montre son tombeau, et les mères, assure M. Joannidis, y portent leurs nouveau-nés pour les préserver du mauvais œil. Dans l’île de Chypre, le peuple chante les exploits d’Akritas et retrouve partout son souvenir : dans un village de l’île on voit deux colonnes qu’il appelle « les massues de Digénis » ; une statue gigantesque, retrouvée dans les ruines d’un temple païen, a passé pour être celle du titan byzantin. Les races étrangères, les nations ennemies ont appris du peuple grec à le connaître. Firdousi, l’auteur de l’épopée persane, ne nomme qu’un seul des généraux romains : c’est le pehlevan ou gardien des frontières Farfoa-rious, dont la valeur arrête un moment les succès des Persans. Les Ottomans, dontle premier domaine fut précisément la province.qui avait été le théâtre des exploits d’Akritas, se souviennent d’un certain Akratès, général de l’empereur Héraclius, qui lutta corps à corps avec leur héros national. Sadji Batthal. Le renom de sa sagesse est arrivé jusque dans les campagnes russes, où il est devenu A kir. Sur cette grande réputation populaire, l’histoire positive n’a-t-elle donc rien à nous apprendre? Akritas, héros d’épopée, est bien un personnage historique. Les monuments byzantins permettent de contrôler les récits du poème de Trébizonde, et à leur tour reçoivent de lui une vive lumière. Dans la savante introduction que les éditeurs de la Diyénide ont mise en tète de leur publication, se trouvent réunis tous les textes qui se rapportent au héros ou à sa famille. On y voit quelle fut la grandeur de cette maison des Doucas, à laquelle il était allié par sa mère et par sa femme, et qui, rattachant ses origines