226 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE sombre des nonnes. Il fallut que les eunuques du palais les fissent entrer presque de force dans les litières de voyage. Par un raffinement de haine, Théophano leur avait assigné des retraites différentes : trois furent internées au couvent d’Antiochos et deux au monastère de Myrelæon. Le moine Jean avait été chargé de présider à leur prise de voile; il leur coupa les cheveux et leur adressa les plus touchantes exhortations. « Mais, nous dit le chroniqueur, le bon moine n’eut pas plutôt le dos tourné que les jeunes personnes, jetant leurs habits religieux, se refusèrent à les reprendre et se remirent à manger de la viande. » La belle-mère annulée, les belles-sœurs exilées, Théophano restait maîtresse du Palais-Sacré. De son mari, déjà naturellement disposé à la paresse, elle fît un empereur fainéant : il vécut entouré d’eunuques, de bateleurs, d’histrions, de comédiennes et de chanteuses. Les excès de toute nature ruinèrent promptement sa santé. Il mourait à vingt-quatre ans, laissant Théophano veuve avec deux fils, Constantin et Basile, et deux filles, Théophano, qui devait épouser un jour Otton II d’Allemagne, et Anna, qui devait épouser le grand-prince de Russie, Vladimir. Autour d’une jeune Basilissa, les intrigues de palais reprirent de plus belle. L’eunuque Bringas s’arrogea une autorité tyrannique. Pour s’en affranchir, l’impératrice jeta les yeux sur Nicéphore Phocas, « domestique des Scholes d’Orient, » c’est-à-dire généralissime des armées d’Asie. Il possédait ce commandement presque comme un patrimoine, l’ayant reçu de son père le vieux Bardas et le partageant avec son frère Léon. C’était un Arménien, qui