MICHEL PSELLOS 119 témoignaient de la droiture de son cœur. Rien qu’à le regarder, avant même de l’entendre parler, avant de l’avoir vu à l’œuvre, ceux qui se piquent d’être physionomistes auraient pu découvrir ses vertus cachées et proclamer qu’il était en notre siècle comme une étincelle de la simplicité antique. Que si l’on voulait faire mon portrait, on n’aurait qu’à prendre celui-ci pour modèle; car je me suis éloigné de plus en plus du type maternel et je ressemble à mon père comme un aiglon ressemble à l’aigle, comme l’ombre ressemble au corps i. Ainsi dans le portrait de son père nous devons trouver celui de Psellos lui-même. Il avait cette taille haute et droite, ces sourcils bien dessinés, ces yeux au regard limpide : ajoutons-y le grand nez aquilin, le bec de vautour dont se moquaient ses ennemis. Il avait cet air d’honnêteté et de candeur qui ont dû lui être d’un grand secours dans ses fourberies de courtisan et ses ruses de diplomate. On doit seulement s’étonner que le brave homme qui parcourut la vie « comme une huile qui coule sans bruit » ait eu pour fils le plus remuant, le plus actif et le plus intrigant des hommes d’État du xic siècle. Comment cet honnête bourgeois « peu prompt à la parole » a-t-il pu donner le jour au plus loquace des orateurs et au plus abondant des poly-graphes? Si Psellos ressemble à son père pour le physique, au moral il devait être le portrait de sa mère. Celle-ci avait tout ce qui manquait à son mari. Elle était vraiment l’homme de la maison et son mari fut trop heureux d’avoir une telle compagne : « la providence divine lui avait donné en son épouse, non pas un auxiliaire et un lieutenant, 1. Sathas, Bibliotheca græca medii æui, t. V, p. 19.