170 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE les tournants. Bride-le soigneusement; ne laisse pas flotter les rênes, de crainte qu’il n’aille à sa volonté ; ne le serre pas trop, pour ne pas lui abîmer la bouche et le rendre rétif; veille à ce que le timon ne le blesse pas; sache le pousser et l’arrêter à propos1. Les documents publiés par M. Sathas, encore incomplets au gré de l’infatigable éditeur, permettent cependant de hasarder un jugement sur Psel-los. C’est sa vie politique qui prête le plus aux reproches. Ministre de plusieurs empereurs, il les adule dans ses panégyriques et les traite sévèrement dans ses mémoires. On ne voit pas qu’il ait résisté avec assez d’autorité aux mesures qui lui semblaient les plus funestes à l'Empire. C’est surtout le caractère qui fait défaut chez lui : dans une société vouée à la guerre, il est trop exclusivement homme de parole et homme de plume et semble perdre la tète au cliquetis des épées. On n’estimera guère un talent assez souple pour avoir pu, à si peu de distance, rédiger le réquisitoire contre Kéroularios et son panégyrique. Que de princes n’a-t-il pas tour à tour servis et trahis! Que de serments n’a-t-il pas prêtés! Ambassadeur de Michel Stratiotique, il rentre à Constantinople ministre de son ennemi; comblé de bienfaits par Isaac Comnène, il est complice de l’ingrate machination qui l’a chassé du palais; après avoir comparé Diogène au prophète David, il est uu des chefs du complot qui livre aux Turcs un empereur romain; il est aussi prompt à délaisser Eudokia qu’à embrasser sa cause. Malgré un patriotisme réel, sa carrière politique n’est qu’une longue suite de 1. Sathas, Bibliotheca, t. V, p. 343, lettre 100.