36 ÉTUDES SUR l’histoire BYZANTINE tinien, à propos d’une question de cochers, vit s’élever la tempête qui aurait renversé son trône et sa dynastie sans le courage de cette pantomime dont il avait fait une impératrice. Elle l’arrêta au moment où il mettait déjà le pied sur le vaisseau qui devait l’emporter loin de sa capitale et, avec un geste de reine de théâtre, lui rappela que « le plus beau tombeau pour un empereur, c’est son trône ». C’est là que Maurice, à l’approche du centurion Phocas, son assassin futur et son successeur, sentit que le peuple lui échappait, se vit lancer à la face ces épithètes meurtrières d’hérétique et de marcia-nite, et entendit les cris de mort contre ses amis. C’est là que le tyran Justinien II, fait prisonnier par des révoltés, eut le nez et les oreilles coupés, et c’est là que plus tard, rentré victorieux de l’exil dans sa capitale, il put fouler de son brodequin de pourpre, avant de les envoyer à la mort, la tête de ses ennemis vaincus, tandis que le peuple inconstant chantait : « Tu marcheras sur l’aspic et le basilic! » C’est là que Michel le C.alfat, ayant osé envoyer en exil sa mère adoptive et sa bienfaitrice, celle qui l’avait ramassé pauvre diable sur les chantiers de la Corne-d’Or pour en faire un empereur, fut assailli à coups de flèches et à coups de pierres dans sa tribune impériale. C’est là enfin qu’un autre tyran, Andronic Comnène, fut promené en triomphe sur un chameau galeux, le visage ignominieusement tourné vers la queue de l’animal, tandis que les parents de ses victimes lui arrachaient avec les ongles des lambeaux de chair; c’est entre deux colonnes du cirque qu’on le pendit, la tête en bas, les yeux crevés, pendant qu’il murmurait lamentablement des miserere mei,