MICHEL PSELLOS 135 l’épaule droite. Un second cercle de guerriers environne le premier, et tous ont les yeux fixés à terre, par respect pour le sexe de leurs souverains. Zoé, nous dit Psellos, était vive et emportée; d’une main légère elle décidait de la vie et de la mort, semblable à la vague inconstante qui tour à tour s’abaisse sous le vaisseau ou l’assaille avec furie. Elle affectait une prodigalité insensée qui épuisa le trésor et précipita la décadence financière de Byzance. C’était le harem, comme plus tard à Stamboul, qui était la ruine de l’empire. Zoé était de taille moyenne; elle avait de grands yeux, des sourcils épais et redoutables, un nez légèrement aquilin, une belle chevelure blonde et le corps d’une blancheur éblouissante. On se demande où Psellos a pu se renseigner d’une façon si précise, puisque les impératrices étaient presque invisibles dans leur gynécée. Il entre même dans des détails plus intimes et d’un caractère tout médical. « A ne considérer que la parfaite harmonie de toute sa personne, continue l'indiscret courtisan, celui qui n'aurait pas su son âge aurait cru voir une jeune fille. Ses chairs avaient conservé toute leur fermeté; tout était bien plein et poli; on ne voyait ni une ride, ni un contour altéré... Elle n’était point recherchée dans sa parure; elle ne portait pas de robes brodées d’or, ni de diadème, ni de colliers, ni aucun ornement pesant. D’une robe légère elle enveloppait son beau corps*. » C’était cette blonde sultane, aux grands yeux et aux sourcils menaçants, qui disposait de l’empire. 1. Psellos est revenu plusieurs fois sur le portrait de Zoé et de sa sœur, p. 106, 127, 179 de son Histoire.