MICHEL PSELLOS 123 cations de sa mère, ni les présages d’avenir qu’elle invoquait ne pouvaient leur tenir lieu d’honoraires. Ce fut un grand désespoir pour elle quand son fils fut obligé de suspendre ses études. Mais qu’y faire? le ménage était pauvre et Michel avait une sœur aînée qu’il adorait et qu’il fallait doter. 11 dut accepter une place de clerc auprès d’un haut personnage qui allait remplir dans une province d’Occident les fonctions de juge. « Alors pour la première fois, remarque notre citadin, casanier comme un bourgeois de Paris, — pour la première fois sorti de la ville, je pus contempler ses murailles et ses tours ; pour la première fois, je puis le dire, je vis la campagne. » Il avait alors seize ans! 11 venait à peine de quitter Constantinople quand ses parents perdirent leur fille. Dans cette cruelle épreuve, c’était leur seule consolation que de pouvoir rappeler leur fils auprès d’eux. Les raisons d’argent et de famille qui les avaient obligés à l’éloigner n’existaient plus. Il y avait place pour lui à leur foyer désolé. La lettre qu’ils lui écrivirent ne laissait rien soupçonner de leur malheur; même ils lui donnaient des nouvelles de sa sœur comme à l’ordinaire. Ils se réservaient de le préparer eux-mêmes à la triste nouvelle. Le hasard en disposa autrement. Ici je laisse la parole à Psellos; on aime à retrouver dans ce cœur, que d’arides études ou les âpres soucis de la politique semblent avoir desséché, un tel accès de douleur sincère. Il y a plaisir aussi à retrouver, sous la convention, le formalisme et le bel esprit qui caractérisent la vie byzantine, l’éternel fond de la nature humaine :