MICHEL PSELLOS 127 macérer son corps, de rendre ses genoux calleux à force de prosternations, d’endurcir ses doigts à force de les joindre pour la prière, de vivre toute pure pour le Dieu de pureté ». Elle s’établit en un ermitage auprès de sa morte bien-aimée, pleurant pour la défunte, suppliant la Théotokos de préserver le fils qui lui restait. Son mari, avec sa docilité habituelle, suivit son exemple. Rien n’était plus ordinaire à Constantinople que ces sortes de renoncements. Tout Byzantin était une manière de frère lai qui n’attendait qu’une occasion pour entrer en religion. Après une vie plus ou moins laborieuse, il se retirait au couvent comme un bourgeois de Paris, après avoir vendu son fonds de commerce, se retire à la campagne. Le couvent était la retraite ordinaire des fonctionnaires, des hommes de guerre; il était l’asile obligé des courtisans disgraciés, des empereurs déchus, des impératrices veuves, des princesses impériales qui n’avaient pas trouvé de mari. On ne s’en faisait pas l’idée austère et effrayante qu’on s’en fait chez nous, — surtout depuis la Révolution. Il ne s’élevait pas une barrière entre la vie du monde et celle du cloître. On entrait au couvent, on en sortait. Psellos lui-même nous en sera un exemple. La mère de Psellos, devenue religieuse, n’abandonne pas son fils. Installé près du monastère, Michel continue ses études, suit les cours des professeurs en renom et revient le soir travailler auprès d’elle. Le manque d’argent l’obligea encore une fois à prendre un emploi : il suivit un collecteur d’impôts qui se rendait dans sa perception de Mésopotamie. Mais Constantinople exerçait sur lui une