232 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE palais en criant : « Longue vie à Jean Autocratorl » Théophano fut trompée dans ses calculs amoureux ou ambitieux. Zimiscès, une fois empereur, réfléchit. Il se dit apparemment qu’elle n’était plus jeune, qu’elle était mère de quatre enfants et veuve de deux maris; qu’elle n’avait pas de naissance et ne lui apporterait aucun droit; que ce n’était pas la peined’afïronter le courroux dupatriarchePolyeucte, qui allait tonner contre les troisièmes noces; que, s’il fallait une expiation du régicide, il valait mieux qu’elle tombât sur Théophano que sur lui. Il refusa comme épouse celle qu’il avait convoitée comme maîtresse; et,délaissant la fille de Cratéros, il épousa Théodora, une vraie princesse, une Porphyrogé-nète, une fille de Constantin VII, jadis expulsée du palais par la jalousie de Théophano. Le patriarche Polyeucte exigea, pour couronner Zimiscès, que celle-ci fût éloignée du palais et les autres complices exilés : le nouvel empereur souscrivit à ces conditions. L’impératrice déchue fut reléguée dans l’île de Proti. Elle s’en échappa quelque temps après et vint accabler l’ingrat de reproches et d’injures, qui lui valurent seulement une captivité plus étroite. Sous Zimiscès, sous le belliqueux Porphyrogénète Basile II, l’empire retentit du fracas des victoires; les camps ont la prépondérance sur le palais, et les femmes ne font plus parler d’elles. Après la mort de Basile et de son frère Constantin, de nouveau elles disposent de la couronne. La légitimité de la dynastie macédonienne, que n’avaient pu ébranler, qu’avaient au contraire confirmée les intrusions des Lécapène pendant la minorité de Constantin VII, les intrusions de Nicéphore Phocas et de Zimiscès