XX INTRODUCTION respecter le droit des gens, à observer les traités, à protéger d’autres industries et un autre commerce que la traite des esclaves et le pillage des caravanes. Les nations de l'Orient doivent à Byzance jusqu’à leurs caractères d’écriture; car les Goths reçurent d’elle l'alphabet d’Ulphilas, les Russes, les Serbes et les Bulgares les alphabets qui procèdent de celui de saint Cyrille. Elles lui doivent presque tout ce qu’elles savent de leur passé, car c’est dans les chroniqueurs byzantins qu’elles peuvent apprendre les exploits de leurs ancêtres, même contre Byzance, et le nom des Roumains y est mentionné pour la première fois. Et nous, les peuples d’Occident, ne lui devons-nous rien? Combien posséderions-nous aujourd’hui d’écrivains grecs et latins, si, pendant que chez nous les guerriers brûlaient et que les moines grattaient les parchemins pour écrire des sermons, il n’y avait pas eu à Byzance tout un monde de gens de lettres occupés à copier les auteurs païens et les Pères de l’Église, à les commenter, à les compiler? De quel pas aurait marché la civilisation européenne si, par deux fois, notre prise de contact avec la civilisation grecque ne nous avait donné nos deux renaissances : l’une qui suivit les croisades, l’autre dont l’exode des lettrés grecs après la chute de Constantinople donna le signal. La première de ces deux renaissances, celle des croisades, on en fait volontiers honneur aux Arabes. De récents travaux, comme ceux de M. Berthelot sur l’histoire de la chimie, tendent à réduire singulièrement le rôle des Arabes dans la civilisation et à rehausser celui des Hellènes. Dans alambic, par exemple, l’article seul est arabe, mais le mot est grec. Si, du xie au xnr siècle, nous