EMPEREURS ET IMPÉRATRICES D’ORIENT 239 à montrer combien l’influence des femmes sur les destinées de l’empire fut considérable à Constantinople; elle le fut plus qu’en aucun autre pays chrétien ou musulman; elle est un des caractères les plus saillants de l’histoire grecque au moyen âge. Combien de fois l’empire du grand Constantin n’a-t-il pas été gouverné par des femmes 1 Plus souvent encore elles ont eu la couronne en dépôt et l’ont donnée avec leur main. La cause de ce phénomène est la môme qui a donné quatre impératrices à la Russie du xviiie siècle. Ici et là, c’est parce que l’empire manquait d’institutions stables et que la loi européenne de succession, l’hérédité de mâle en mâle et par ordre de primogéniture, n’y était pas explicitement reconnue. Les intrigues de harem ou les mariages de princesses furent donc un des moyens de transmission du pouvoir, au même titre et aussi souvent que l’entente de l’aristocratie et du clergé, les usurpations militaires ou les révolutions de la rue. II Ce que nous avons vu jusqu’à présent, ce sont des femmes faisant des empereurs ou les défaisant : il reste à montrer comment un empereur pouvait faire une impératrice. Ici encore, c’est l’arbitraire qui domine. Malgré la rigueur apparente des lois, des mœurs, du cérémonial, le caprice du prince était souverain. Il ne se croyait pas obligé, comme en Occident, à faire choix d’une épouse seulement dans les familles d’une noblesse égale à la sienne, dans les dynasties princières ou royales, à blason compli-