200 ÉTUDES SUR L’HISTOIRE BYZANTINE et. l’excommunication. Une Novelle de Constantin VII est intitulée : « De l’anathème contre les apostats, » c’est-à-dire les conspirateurs. M. Schlumberger nous montre Nicéphore Phocas anathématisé lorsqu’il fit son pronunciamiento pour s’emparer du trône : « ses os ne devaient pas reposer dans le tombeau ». Mais cette même arme de l’anathème, quelques jours après, lorsqu’il eut reçu Fonction sainte, se tournait contre ses adversaires. Comme l’empereur est l’image de Dieu, l’empire doit être l'image du ciel. « Quand nous montrons dans la puissance impériale cet ordre et cette harmonie, nous dit Fauteur du Livre des cérémonies, nous représentons en miniature l’ordre et le rythme que le Démiurge a mis dans l’univers. » L’empire, c’est donc la reproduction terrestre delà cité de Dieu. Il est l’État chrétien par excellence; romanité et chrétienté sont synonymes. L'idée religieuse est si bien la dominante de cette monarchie que la distinction du civil et de l'ecclésiastique y est impossible : en quoi il diffère des royaumes d’Occident et se rapproche des monarchies khalifales. Entre l’Église et FÉtat, il n’y a pas lutte, mais harmonie, presque confusion. Il n’y a pas de honte pour le patriarche à être nommé par l’empereur, ni pour FÉglise à être subordonnée à l’Etat, car l’État est à peine laïque. Ce n’est point une main profane que l’empereur étend sur elle quand il entreprend de la réformer : c’est elle-même qui se réforme par l’un de ses membres. Les princes les plus religieux, les plus étroitement dévots, comme Basile Ior ou Nicéphore Phocas, ne se font aucun scrupule de restreindre les abus du droitd'asile ou de limiter les possessions des couvents.