MICHEL PSELLOS 15t> le premier de son temps, et Eudokia une savante, une sorte de bas-bleu byzantin. Elle occupait ses loisirs de sérail à écrire un poème sur la chevelure d’Ariane, une instruction à l’usage des femmes, un traité de la vie monastique et un autre sur les occupations qui conviennent aux princesses. Est-elle l'auteur de la compilation mythologique intitulée lonia (Champs de Violettes), un titre de couleur tout orientale, qui rappelle les Prairies d'or de l’Arabe Maçoudi ou les Jardins de belle vue de Bin-Schalna? M. Sathas en attribue la paternité à Psellos, et M. Miller conteste cette conclusion *. Une telle similitude de goûts studieux contribua au rapprochement du philosophe et de l’impératrice. Celle-ci, malgré le testament de son époux, songeait à se remarier. Romain Diogène, pris les armes à la main dans une tentative d’insurrection, avait été condamné à mort dans un tribunal et gracié par l’impératrice. C’est sur lui qu’elle avait jeté les yeux. « L’homme, dit mélancoliquement Psellos, est un animal bien variable, surtout lorsqu’il trouve à ses variations de spécieux prétextes2! » Au fond il n’était dévoué qu’à son élève, à son fils spirituel, à l’héritier de sa science, et ne voulait pas dans un beau-père lui donner un maître. Psellos, toujours si empressé de se mettre en avant, aime mieux avouer qu’ici tout se fit malgré lui. Un soir l’impératrice le fit appeler et lui fit part officiellement de son dessein. « Mais ton fils et ton empereur, lui demandai-je, est-il au courant de ce qui se passe? » — « Il s’en doute, peut-être ne • • Journal des Savants, mai 1876. 2. Sathas, Bibliolheca, t. IV. Histoire, p. 272.