EMPEREURS ET IMPÉRATRICES D’ORIENT 245 velle souveraine, peut-être la fille d’un barbare, d’un homme de peine ou d’un petit employé, d’un montreur d’ours ou d’un cabaretier, était parée de ces bijoux célèbres, historiques, trois fois sacrés, qu’avaient portés des générations d’impératrices et de porphyrogénètes. Quand le contrat de mariage avait été rédigé, quand l’empereur avait passé l’anneau de fiançailles au doigt de l’épousée, on procédait aux cérémonies très compliquées du mariage et du couronnement. Ou plutôt comme le mariage, dans les rites de l’Église d’Orient, a pour symbole principal la couronne posée sur la tête des époux, c’était d’un double couronnement qu’il s’agissait : l’un nuptial, l’autre politique. Les écrivains byzantins emploient deux mots pour les distinguer : slephanôma et step-simos. Et, chose singulière, c’est le stepsimos qui précède le stephanôma. L’impératrice est déjà Augusta avant d’être la femme de l’Auguste. Jusqu’à la période des Comnène, où les idées occidentales prévalurent à Constantinople, la double cérémonie s’accomplissait non pas au grand jour, sous les voûtes de Sainte-Sophie, mais dans le mystère du Palais-Sacré. Les idées grecques d’alors, qui imposaient à la femme une vie de réclusion, ne se seraient point accommodées d’une pompe aussi publique. C’était donc dans quelque église du palais ou très voisine du palais, parfois dans un des salons transformé en oratoire, que la fiancée était d’abord couronnée impératrice, puis mariée. Voici une description de couronnement au xe siècle. Dans le grand salon de l’Augustéon, sur des sièges d’or que leur ont apportés les sénateurs, sont assis l’empereur ou les empereurs, si le père et le