HELLÈNES ET BULGARES AU X° SIÈCLE 309 princes et princesses, l’empereur fit son entrée dans Sainte-Sophie. Toutefois les triomphes des empereurs byzantins, tout humiliants qu’ils fussent pour les vaincus, n’avaient point la férocité des triomphes romains d’autrefois. Le bourreau n’attendait pas dans quelque Tullianum les chefs au courage malheureux. Quand ils avaient défilé, peut-être chargés de chaînes, mais qui étaient d’or, sur l’arène de l’Hippodrome, on les invitait courtoisement à occuper des places d’honneur sur les gradins et à contempler la suite du spectacle. Catherine, une des filles du tsar Samuel, après avoir orné le triomphe de Basile II, épousa plus tard Isaac Commène et devint « impératrice des Romains ». La domination byzantine sur la Bulgarie reconquise ne fut pas trop dure. Du moins elle ne le fut pas plus que pour les sujets de race grecque. Il n’y avait plus de Bulgarie, mais seulement des provinces « romaines » soumises à des stratèges. Le patriarcat bulgare était aboli, mais il subsistait un métropolite d’Ochrida relevant du patriarche de Constantinople, et le « très saint archevêché de Bulgarie », maintenu à Ochrida, conserva tous ses privilèges et immunités. Les impôts qu’avaient levés les tsars nationaux, Siméon et Samuel, ne furent point modifiés; ils continuèrent à être perçus en nature : par joug de bœufs, un modius de blé, un modius de millet et une cruche de vin. Basile II, dit un chroniqueur, « avait ordonné que l’ancien ordre de choses serait partout maintenu ». Ce fut seulement quand les sages ordonnances du Bulgaroctone furent rapportées par ses successeurs que les premiers symptômes de mécontentement et de rébellion se manifestèrent dans le